À Nancy scintillait une enseigne au détour d'une rue en pente douce
Terrier d'insouciants siffleurs de verveines souvent souffleurs de dames
Ce morceau de terre sainte que l'on susnomait La feinte de l'ours
Fut un refuge fameux où j'ai vu fleurir bien des fleurs d'âme
Le tavernier ne fêlait pas le fut de bière, mais offrait des coffrets de jeux
Un café pour les joueurs assermentés et les raffinés amateurs d'arts ludiques
Je sais que pour ces agents de joie je serais toujours trop élogieux
Car c'est auprès d'eux que j'ai pu perler tant de moments uniques
Mais passons sous silence ces indécents sentiments de soie
Car le souvenir est doux, mais souvent le présent déçois
Vous parler d'heure de miel serait vous prendre pour du bétail
Car à la feinte de l'ours régnait un perpétuel champ de bataille
Raillant, ricanant, crânant et cancanant comme des hyènes
Après un tour de table nous étions ronds comme la lune pleine
Loin des boites étables où les sirènes chantent dans les seringues
Éclaboussé de rires si sucrés qu'ils me collent encore aux fringues
Pas de flingues, on départageait le cash avec des guns en mousse
Bullant en période d'exam' plus que dans des soirées mousse
L'ambre amer débordant autour de nos armadas de fuseés
L'humeur se faisait mordante quand les premières répliques fusaient
Allumés comme des bougies par ces bijoux de carton
On ne s'enflammait pas par furie mais par passion
Chevaliers de la table carrée seulement cadrés par l'échiquier
Roi des mauvais perdants atterré sur mon trône déchiquetés
J'ai battu les dés, lancé les cartes, mes poings se souviennent
Du mur que j'ai cogné pour délocaliser ma déveine souveraine
Mais je regrette ni forfait ni haut-fait fait ni défaite
Si je me réfère à l'imparfait pour parler de ces nuits de fêtes
C'est que La feinte de l'ours n'a plus vu mon ombre depuis longtemps
Et Je souhaite aux plus belles âmes d'y vivre de pareils instants
Mais puisque le futur offre aux farceurs tant des tavernes
Je sais que je retrouverai mes gobelins dans d'autres cavernes.
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