On les imagine sages et beaux, tout à l'écoute de la parole de
velours du conteur qui les emmènes très loin dans des mondes à
peine extra-ordinaire, les bambins, les minots, les bouts de chou,
les graines d'humain(e), les polissons, les marmots... Les sales
chiards
Car il n'y a que dans les films de Jeunet que les enfants restent sagement à l'écoute du conteur. Ces mignonnes petites tumeurs ont un taux de concentration pas toujours élevé et une propension à la provocation qui, elle, stagne dans les hauteurs. Pas tout le temps évidemment, mais le conteur débutant doit être prévenu, l'attention d'un enfant ça se conquiert et durement. Aussi faut-il s'y préparer.
Mais quelle chance, j'ai déjà essuyé les plâtres pour toi et je vais pouvoir te donner quelques astuces pour maintenir l'attention en laisse.
Posons d'abord un contexte.
Imaginons un conteur programmé dans un centre social avec dans sa besace des contes que le cinéma n'a pas encore souillé. Il est fort à parier que le spectacle a été programmé et repose sur le volontariat, mais il est semi-obligatoire pour les habitués du centre. Ce détail n'est pas anodin (comme tous les autres d'ailleurs) car un public qui a payé pour venir sera nécessairement plus attentif, voulant rentabiliser la mise. Doublons la malchance du conteur en faisant de lui le premier à visiter le centre social. Les enfants vont aller au spectacle avec l'a priori suivant : « Je vais devoir écouter un monsieur qui parle pendant une heure comme à l'école et ça me fait... » n'ayant jamais vu de conteurs avant. Ne nous leurrons pas, face à la domination de l'image numérique de notre chère société, le conteur paraît bien soporifique comparé à l'avalanche de vidéos épileptiques ultra montées disponible sur Youtube. Notre conteur se retrouve donc face à un public qu'il va devoir convaincre.
Car il n'y a que dans les films de Jeunet que les enfants restent sagement à l'écoute du conteur. Ces mignonnes petites tumeurs ont un taux de concentration pas toujours élevé et une propension à la provocation qui, elle, stagne dans les hauteurs. Pas tout le temps évidemment, mais le conteur débutant doit être prévenu, l'attention d'un enfant ça se conquiert et durement. Aussi faut-il s'y préparer.
Mais quelle chance, j'ai déjà essuyé les plâtres pour toi et je vais pouvoir te donner quelques astuces pour maintenir l'attention en laisse.
Posons d'abord un contexte.
Imaginons un conteur programmé dans un centre social avec dans sa besace des contes que le cinéma n'a pas encore souillé. Il est fort à parier que le spectacle a été programmé et repose sur le volontariat, mais il est semi-obligatoire pour les habitués du centre. Ce détail n'est pas anodin (comme tous les autres d'ailleurs) car un public qui a payé pour venir sera nécessairement plus attentif, voulant rentabiliser la mise. Doublons la malchance du conteur en faisant de lui le premier à visiter le centre social. Les enfants vont aller au spectacle avec l'a priori suivant : « Je vais devoir écouter un monsieur qui parle pendant une heure comme à l'école et ça me fait... » n'ayant jamais vu de conteurs avant. Ne nous leurrons pas, face à la domination de l'image numérique de notre chère société, le conteur paraît bien soporifique comparé à l'avalanche de vidéos épileptiques ultra montées disponible sur Youtube. Notre conteur se retrouve donc face à un public qu'il va devoir convaincre.
Le contexte est posé, maintenant
détaillons quelques stratégies.
1) Être imperturbable face à l'agitation.
Si le public est mal cadré par les animateurs ne vous étonnez pas de voir des lutins s'agiter dans tous les sens. Parfois pour se défouler, parfois pour afficher son ennui, parfois pour perturber le conteur. À titre d'exemple, il m'est déjà arrivé d'avoir un gamin qui est venu se coller à mes genoux en plein récit de sorcière, visiblement en manque d'affection. Même si c'est dure, il ne faut surtout pas interrompre le récit pour faire la police, ce n'est pas le rôle du conteur et ça pénaliserait ceux qui écoute. De plus à force de voir que le conteur tient le récit, les fortes têtes s'essouffleront vite. Je ne vais pas t'apprendre qu'ils entreprennent toutes ces actions pour êtres vues, donc si on ne les regarde pas...
2) Limiter les participations.
Certes, certes, le conte est un art de la relation, mais comme tout, il faut savoir doser. On pourrait penser face à des agités qu'il faut les faire participer afin de capitaliser sur leur énergie. Alors oui, mais non. Si le public s'endort, pourquoi pas. Mais demander à un enfant de « monter sur scène » alors qu'il est en ébullition, va juste faire monter la température. Le temps du conte n'est pas un temps de jeux, même si celui-ci peut arriver après la séance. Alors oui, on peut haranguer de temps à autre, ne demande pas à un gamin de venir imiter le lion devant ses camarades, ou tu auras un vrai fauve sur les bras.
3) Jouer sur les ruptures.
Ce qu'il y a de géniale avec la surprise, c'est qu'elle permet de saisir un instant de concentration au vol provoquant une douce bulle de silence permettant d'embrayer sur la suite du récit. Seulement toutes les histoires n'offrent pas d'incroyables retournements de situation, alors il faut ménager des ruptures de ton et d'attitude. À titre d'exemple le petit chaperon communiste se ballade dans les bois (ton joyeux et bucolique) et LA, le loup apparaît (rupture puis attitude menaçante). Attention encore, beaucoup de conteurs contestent cet usage et pour cause la rupture nuit à la construction mentale du rêve. Ou plus vulgairement, tu imagines des montages sacrées en écoutant la sonate à la Lune sur ton casque et là BAM au milieu du morceau Kataklysm vient te saturer les oreilles de sa haine de l'élite, ça te ramène immédiatement à la playlist. Donc la rupture, à utiliser pour retrouver l'attention mais à ne pas utiliser pêle-mêle ça perdrait de son efficacité et ça surinne les nerfs.
5) Ménager du suspens
Technique vieille comme le monde qui ne fait que se bonifier avec le temps. Prenez l'air inquiet laissez quelques secondes de silence avant de dire si oui ou non l'ogre trouve la petite fille sous le lit. Bref, créez un phénomène d'attente pour créer de l'attention. Encore une fois, s'il ne semble pas y en avoir d'emblée dans le récit, trouver quelques passages flous du récit pour incorporer du suspens entre les lignes de l'histoire.
6) Baisser la voix
Hurler, c'est récompenser les provocateurs. Un instituteur doit parfois crier pour poser un cadre, ce n'est pas le travail du conteur. En baissant la voix, le conteur oblige l'auditoire à redoubler d'attention, il se fait désirer au lieu de s'imposer. Tu pourrais souffler du nez l'air septique, mais tu serais surpris de l'efficacité de cette méthode.
7) Aimer ce métier
Comme c'est prévisible, mais comme c'est constatable. Quelqu'un qui n'aime pas ce qu'il raconte ennuie nécessairement son auditoire, qui ne s'est jamais endormis devant un prof d'histoire lassé de citer le contexte du couronnement de Napoléon ? Un conteur qui parle avec passion de ses histoires finit toujours par rattraper l'attention du public. Afficher de la lassitude, c'est vider le récit d'émotion et de magie. Vaille que vaille, il faut mener l'histoire à son terme avec le même plaisir. Et si une seule paire d'oreille sur quarante écoute l'histoire jusqu'au bout, ne raconte que pour celle-là et félicite toi de l'avoir fait rêver.
Si le public est mal cadré par les animateurs ne vous étonnez pas de voir des lutins s'agiter dans tous les sens. Parfois pour se défouler, parfois pour afficher son ennui, parfois pour perturber le conteur. À titre d'exemple, il m'est déjà arrivé d'avoir un gamin qui est venu se coller à mes genoux en plein récit de sorcière, visiblement en manque d'affection. Même si c'est dure, il ne faut surtout pas interrompre le récit pour faire la police, ce n'est pas le rôle du conteur et ça pénaliserait ceux qui écoute. De plus à force de voir que le conteur tient le récit, les fortes têtes s'essouffleront vite. Je ne vais pas t'apprendre qu'ils entreprennent toutes ces actions pour êtres vues, donc si on ne les regarde pas...
2) Limiter les participations.
Certes, certes, le conte est un art de la relation, mais comme tout, il faut savoir doser. On pourrait penser face à des agités qu'il faut les faire participer afin de capitaliser sur leur énergie. Alors oui, mais non. Si le public s'endort, pourquoi pas. Mais demander à un enfant de « monter sur scène » alors qu'il est en ébullition, va juste faire monter la température. Le temps du conte n'est pas un temps de jeux, même si celui-ci peut arriver après la séance. Alors oui, on peut haranguer de temps à autre, ne demande pas à un gamin de venir imiter le lion devant ses camarades, ou tu auras un vrai fauve sur les bras.
3) Jouer sur les ruptures.
Ce qu'il y a de géniale avec la surprise, c'est qu'elle permet de saisir un instant de concentration au vol provoquant une douce bulle de silence permettant d'embrayer sur la suite du récit. Seulement toutes les histoires n'offrent pas d'incroyables retournements de situation, alors il faut ménager des ruptures de ton et d'attitude. À titre d'exemple le petit chaperon communiste se ballade dans les bois (ton joyeux et bucolique) et LA, le loup apparaît (rupture puis attitude menaçante). Attention encore, beaucoup de conteurs contestent cet usage et pour cause la rupture nuit à la construction mentale du rêve. Ou plus vulgairement, tu imagines des montages sacrées en écoutant la sonate à la Lune sur ton casque et là BAM au milieu du morceau Kataklysm vient te saturer les oreilles de sa haine de l'élite, ça te ramène immédiatement à la playlist. Donc la rupture, à utiliser pour retrouver l'attention mais à ne pas utiliser pêle-mêle ça perdrait de son efficacité et ça surinne les nerfs.
5) Ménager du suspens
Technique vieille comme le monde qui ne fait que se bonifier avec le temps. Prenez l'air inquiet laissez quelques secondes de silence avant de dire si oui ou non l'ogre trouve la petite fille sous le lit. Bref, créez un phénomène d'attente pour créer de l'attention. Encore une fois, s'il ne semble pas y en avoir d'emblée dans le récit, trouver quelques passages flous du récit pour incorporer du suspens entre les lignes de l'histoire.
6) Baisser la voix
Hurler, c'est récompenser les provocateurs. Un instituteur doit parfois crier pour poser un cadre, ce n'est pas le travail du conteur. En baissant la voix, le conteur oblige l'auditoire à redoubler d'attention, il se fait désirer au lieu de s'imposer. Tu pourrais souffler du nez l'air septique, mais tu serais surpris de l'efficacité de cette méthode.
7) Aimer ce métier
Comme c'est prévisible, mais comme c'est constatable. Quelqu'un qui n'aime pas ce qu'il raconte ennuie nécessairement son auditoire, qui ne s'est jamais endormis devant un prof d'histoire lassé de citer le contexte du couronnement de Napoléon ? Un conteur qui parle avec passion de ses histoires finit toujours par rattraper l'attention du public. Afficher de la lassitude, c'est vider le récit d'émotion et de magie. Vaille que vaille, il faut mener l'histoire à son terme avec le même plaisir. Et si une seule paire d'oreille sur quarante écoute l'histoire jusqu'au bout, ne raconte que pour celle-là et félicite toi de l'avoir fait rêver.
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