Salut à toi habile rêveur, si tu es aussi un fidèle lecteur tu sais que j'ai déjà parlé de l'importance d'aller chercher de vieilles histoires dans des livres qui le sont tout autant.
On s'imagine un instant le front plissé du conteur, voyageant entre les pages à la lueur d'une lanterne (le conteur pas le front). Et bien reclasse cette vision parmi les fantasmes, car la pêche aux histoires est bien moins drôlatique qu'on l'imagine.
Le conteur ne lit pas pour le plaisir, mais pour des motifs professionnels. Même s'il n'est pas interdit de prendre du plaisir à la tâche celle-ci peut se montrer bien retors pour différentes raisons.
En voici une liste pas exhaustive.
- Répétition stylistique :
certains collecteurs ont repris mots pour mot certaines histoires, on
retrouve alors des répétitions de formules efficaces à l'oral, mais
éprouvante à la lecture. Un exemple dans un conte
irlandais, trois bonhommes se font fossiliser par un géant jaloux, leur
arrivé, fuite et fossilisation sont répété mots pour mot... Au début ça va, à la longue...
- Répétition des histoires : et oui, les histoires ont voyagé et tragicologiquement été reprises d'un pays à l'autre. Certains folkloristes prendront le thé chez les anges en s'amusant à comparer les différences culturelles. Mais pour le conteur ça veut dire relire une histoire qu'il a déjà rejeté ou maîtrisé... Au début ça va, à la longue.
- Langue vieillissante : alors oui ça coule de source qu'une vieille histoire soit écrite dans une vieille langue.
Mais soyez prévenu, certaines éditions sont surchargés de notes de bas
de page et de formules alambiquées, mention donnée à l'Edda dont les
notes de bas de pages font un petit 70% de l'ouvrage.
- Langue mal mise à jour à destination du public enfant :
extrême inverse bien irritante, lorsque certains contes se font lifter
pour être compréhensible pour un jeune public, ce qui donne lieu à la
multiplication de jeux de mots un peu gratuit, de tour de phrase un peu
simpliste, ou d'aparté un peu gonflant de l'auteur cherchant absolument à
rattacher l'histoire au quotidien du lecteur. Je
ne pourrais m'attarder sur ce point sans en faire un mémoire donc
abrégeons, mais un conseil, évitez les ouvrages à destination du jeune
public.
- Trouver où chercher :
rarement convenablement répertoriés dans les bibliothèques, les
recueils de contes en rayon conte montrent vite leurs limites, reste la
recherche aveugle dans des ouvrages historiques. Bref, pas facile de dépasser le cercle de la littérature grand public.
On pourrait croire à cette liste que la collecte de contes par le livre peu s'avérer frustrante et rarement gratifiante. C'est plus faux que vrai.
Car dans cette entreprise, le conteur est un véritable chercheur d'or,
il va devoir brasser les courants bien des fois avant de finir par
trouver une pépite narrative. Mais lorsqu'il la
trouve, il est parcouru d'une douce sensation, là juste dans la moelle
épinière, il ne choisit pas l'histoire, l'histoire l'a choisit, et sans
lui demander son avis elle va squatter son subconscient. La pépite est en main, reste alors à la travailler pour qu'elle devienne un bijou véritable.
Mais on y reviendra une fois.
Quel teasing !
Le coffre d’Ilnuaj Dragglen est une arche de contes et de poèmes qui ont coulé de mes doigts. Vous y trouverez divers animaux littéraires ainsi que quelques nouvelles sur votre serviteur/conteur. Je vous souhaite une agréable lecture.
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