J'écris ce bout d'itinéraire le jour de mes 23 ans. Renaud l'a chanté avant moi, je ne peux pas blairer les anniversaires.
Sérieusement à quoi ça sert de se rappeler sa date de péremption sinon
pour recevoir des biens matériels et des mots doux de ses proches qu'on
pourrait (et devrait) s'offrir tout le reste de l'année.
Et le rapport avec le conte ? Me chantera-tu
Déjà tu me laisse digresser, ensuite ça crève tellement l'œil que si tu partages cet article à un cyclope il te jettera des pierres en t'appelant Ulysse.
Le rapport est bien sûr celui de la temporalité. L'être humain est programmé pour mourir (preuve que la nature est bien faite), mais les histoires, elles, sont immortelles.
L'art du conte est antédiluvien, certains récit sont plus vieux que
toutes les religions actuelles, les histoires ont survécu à l'évolution
du monde, des langues, des technologies se renouvelant en permanence
tout en restant fondamentalement les mêmes. Et ça grâce à qui ?
Grâce aux conteurs, petit cortex de pivert ! OR, les conteurs sont humains donc mortels. Paradoxe donc les histoires sont immortelle grâce à des mortels.
Où je veux en venir ?
Bonne question...
Ah si !
Les histoires rendent certains hommes immortelles. Et béh oui, Hamlet fait qu'on se souvient toujours de Shakespeare et Cyrano de Rostand, car ils en sont les créateurs.
Mais un conteur restera et doit rester mortel quoiqu'il advienne, il ne
créer pas par d'histoires, il les fait vivre par l'art éphémère de
l'oral. Un conteur ne laisse pas d'héritage
artistique personnel, car son rôle est précisément de faire vivre le
patrimoine narratif de notre belle humanité.
Quand
je demande à certains acteurs ou auteur pourquoi ils se sont engagé sur
cette voix, après l'amour de l'art et la peur de redevenir cassier ils
évoquent toujours le fait de laisser quelque chose derrière eux. Comme si créer de l'art leur permettrait de sauvegarder un bout de leur existence dans la conscience collective. Je me suis alors retourné la question : pourquoi devenir conteur ?
Et
bien après l'amour éperdu pour l'art, l'inégalable plaisir que j'ai à
conter, l'incroyable sentiment de fierté qui me gagne quand je les vois
rêver sous ma voix et bien.... C'est sans doute parce que le conte est le seul art profondément ancré dans le présent.
Depuis que j'ai choisi la voie du conte, le temps s'est arrêté pour moi.
Je n'ai plus peur de vieillir. (en plus un conteur sans cheveux blanc c'est pas crédible)
Je n'ai plus peur de l'avenir. (professionnellement parlant je sais ce que je fais et ferais)
Et à chaque fois que je conte, je bénis l'instant présent.
Conter
est un art de l'instant présent dont la quintessence consiste à faire
perdre la notion du temps à son auditoire par des histoires qui ignorent
les siècles.
Le conteur accepte humblement
d'être mortel sans être fataliste, simplement heureux de sublimer
l'instant présent dont les regrets et les angoisses orchestré par cette
société nous font sortir.
J'ai vingt-trois ans aujourd'hui, pourtant le temps s'est arrêté pour moi depuis que j'ai dit à voix haute « Je conte ».
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