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lundi 28 janvier 2019

ICD#6 Savoir improviser ou l'histoire de la bougie


Alors que je contais pour mes petits taquins du pivot culturel, on me demande une autre histoire d'hypnotiseur après avoir entendu ma relecture Heavy Métal du siffleur des hautes sphères (variante nordique du joueur de flûte d'Hamelin). Pris au dépourvu n'ayant pas d'autres exercices d'hypnose en stock que le dernier discours présidentiel, je tente d'improviser le bout de récit que voici.

« Madame Arma vit dans la peur. Il faut dire qu'elle a un problème, elle est très riche. Elle a peur qu'on lui vole son beau cheval alors elle le garde à l'intérieur. Elle a peur qu'on lui vole ses beaux tableaux alors elle ferme les volets et vit dans le noir. Elle a peur qu'on lui vole ses beaux bijoux alors elle les portes sur elle, mais pour ne pas les abîmer elle ne se lave pas, l'eau ferait rouiller l'or. Madame Arma ressemble à un véritable mort-vivant, pâle et puante. Son mari la supplie de se soigner. Miraculeusement, un hypnotiseur vient toquer à la porte, c'est un bien bel homme bien habillé qui sort de plus belles phrases encore. Il affirme pouvoir faire disparaître tous les problèmes de Madame Arma, elle n'aura plus jamais peur de perdre ses affaires.
Il sort une gigantesque bougie de son pantalon qu'il allume avant de la poser sous le nez de Madame Arma.
« Fixez la flamme jusqu'à ce que la bougie soit éteinte et alors tous vos problèmes auront disparus. »
Alors Madame Arma commence à regarder la flamme. Envoûtée par la danse de la flamme, elle oublie ses bijoux, ses tableaux et son cheval. Huit heures passent sans que Madame Arma ne quitte la flamme des yeux. Elle ne mange pas, ne dort pas, ne va pas aux toilettes, elle regarde la bougie. Lorsque celle-ci s'éteint, Madame Arma frissonne, elle est nue comme une escalope. Les rideaux sont ouverts, ses tableaux ont disparu. Elle appelle son cheval, mais lui aussi a disparu. Il ne reste qu'une note sur la table : « Tous vos problèmes ont disparu ».

Morale de l'histoire : un conteur doit toujours savoir improviser pour répondre à une demande du public. Et oui, il ne s'agit pas d'un art de la récitation, mais de la relation. Aussi, je déconseillerai à tout conteur d'apprendre une histoire mots par mots et de se laisser surprendre par l'imagination du moment.

À bientôt habile rêveur.

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