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lundi 24 septembre 2018

Petite famine pour grande famille

L'heure est sombre, je vais pouvoir vous transmettre une nouvelle vision.

Celle-ci était devant nous, j'ai dû plisser les yeux pour la voir, enfin, elle n'était pas trop loin non plus.
 



Quand Dillion partait au travail, il passait toujours devant la petite ferme de Ma' Jeagger.
La première semaine, Dillion entendit le hennissement de l'âne, le chant du coq et des moineau. Ma' Jeagger le salua d'un grand geste de la main. Après une journée branché au travail, Dillion revenait avec des graines et quelques légumes.

La deuxième semaine, Dillion passa devant la ferme de Ma' Jeagger, il entendit le chant du coq et des moineaux. Ma' Jeagger le salua d'un grand geste de la main. Passée sa journée branché au travail, Dillion revenait avec un peu de grain et des fruits pas trop fripés.

La troisième semaine, Dillion passait devant la ferme de Ma' Jeagger, il entendit le faible chant des moineaux. Ma' Jeagger le salua d'un grand geste de la main. Terminant sa journée branché au travail, Dillion revint avec deux grosses pommes de terre qui n'avaient pas trop germé.

La quatrième semaine, Dillion passa devant la ferme de Ma' Jeagger, il n'entendit rien.
Absolument rien.
Alors pour briser le silence, il apostropha Ma' Jeagger.
« Vous allez bien Ma' ? ». Plus pâle qu'un linceul, elle répondit avec un grand sourire et un tout aussi grand geste de la main
- Vous savez, tant que les petits vont bien, tout va bien.
Dillion repartit donc se brancher à son travail, il revenait avec quelque haricots un peu secs.

La cinquième semaine, Dillion passa devant la ferme de Ma' Jeagger, il n'entendit rien. Ma' Jeagger le regarda passer, ses yeux isolés dans un visage cadavérique, elle ne fit pas de geste de la main.
Dillion avait mal au crâne à force d'être branché à son travail, mais grâce à cela il put repartir avec quelques racines.

La sixième semaine, Dillion passa devant la ferme de Ma' Jeagger, cette dernière l'interpella.
- Oh Dillion heureusement que tu es là, s'il te plaît rentre vite, nous avons besoin de toi !
Dillion se rappela qu'il la connaissait à peine, mais aussi qu'il ne connaissait pas grand monde a part ses collègues branchés comme lui. Il entra donc.
Que ce passe-t-il madame Dillion ?
Elle indiqua la chambre d'enfant de son moignon. Dillion avança prudemment, prenant soin de ne pas glisser sur les morceaux de bâches répandus sur le sol.
Il ouvrit la porte et surprit le gamin en plein repas. Dillion resta sans voix, cet enfant mangeait de la viande.
- Je suis désolé, mais je n'ai plus qu'un bras, et ils ont besoin de protéines, sanglota Ma' Jeagger.

Depuis, Dillion n'alla plus se brancher au travail.

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