Rechercher dans ce blog

dimanche 24 juin 2018

Flèches aux plumes azur



Jusqu'à la venue d'Uldrik le chasseur, on entendait le chant des oiseaux dans le val de Belplume.
Uldrik était un orfèvre de l'archerie, il maniait l'arc comme le peintre maniait le pinceau. Il faut dire que les guerres de seigneurs lui avaient offert bien des occasions de tirer des traits sur la vie de soldats. Mais maintenant que les conflit étaient finis, il n'avait plus de raisons de bander son arc. Aussi, lorsqu'il entendit parler du val de Belplume, son oreille frissonna. Il y avait là-bas une immense forêt qui couvait des fruits infects que les oiseaux adoraient. Selon les dires du tenancier qui lui colporta l'histoire, ces fruits rendaient les oiseaux plus vifs que la foudre.
« Voilà les proies idéales », se dit Uldrik et il se mit en route.

Et Uldrik commença alors le nettoyage du val de Belplume. Les villageois n'appréciaient guère que l'on évide leur val de ses têtes à plumes. Mais Uldrik était malin, comme il ne chassait que pour le plaisir de toucher tuer, il donna ses victimes emplumées aux villageois. Les moineaux furent empaillés par l'antiquaire, le pharmacien concassa les becs de grive pour en faire des onguents, il donna les plumes aux matelassiers, et la chaire des volatiles se retrouva dans l'assiette de ceux qui n'avaient rien à manger. L'économie se portant bien grâce à Uldrik, personne ne s'inquiéta de la disparition des oiseaux.

Mais malgré ce carnage, Uldrik n'était pas satisfait, un grand oiseau aux plumes azur, échappait toujours à ses flèches. Il visait juste pourtant, mais à chaque fois que la pointe d'acier frôlait l'animal, le vent se levait pour détourner le projectile. Uldrik passa sa rage sur d'autres oiseaux moins chanceux. Il écuma la forêt du moindre volatile, mais l'oiseau aux plumes d'azur volait toujours. Uldrik se décida alors à aller voir une sorcière pour rompre ce mauvais sort. La vieille dame n'aimait pas le génocidaire à l'arc tendu, elle avait toujours refusé les corbeaux qu'il lui apportait. Aussi, elle se moqua allégrement de l'homme blessé.

« Ce que tu chasses est un esprit du vent, il vient te narguer, car tu as tué ses frères, tu ferais bien de ranger ton arc, car tu ne parviendras jamais à l'atteindre. »

Le soldat colérique menaça sourdement la sorcière.

« Tu dois connaître un moyen de contrer sa magie, et si tu ne me le donnes pas, je te trouerai comme les autres, après tout qui regrettera ta disparition vieille chouette ? ».

Sous la contrainte de l'arme, la sorcière lui donna une potion dans laquelle Uldrik devrait tremper ses outils de mort.

« Avec cela, tes flèches traverseront les cieux en ignorant les courants d'air, toutefois, je te déconseille de t'en prendre à l'esprit, sa vengeance ne connaît pas de frontière, pas même celle de l'autre monde ».

Uldrik arracha la fiole et partit l'air goguenard. Comme convenu, la flèche défia les vents et perça le cœur de l'oiseau au plumage d'azur. Enfin satisfait, Uldrik quitta le val de Belplume qui se rebaptisa le val de Morteplume.

Afin d'afficher son trophée, il orna ses flèches des plumes azur, persuadé qu'elles fileraient plus vite encore. Il chercha une cible qu'il trouva en la présence d'un hibou qui le toisait d'un œil impérieux.
La corde claqua, le projectile partit, et à ce moment précis, un gigantesque souffle emporta le missile. La flèche fit demi-tour et alla se planter entre les deux yeux d'Uldrik.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire