Monsieur Solovir était gros, presque intégralement gros. Il avait
un gros nez, de grosses lunettes, de grosses mains, de gros mots
ainsi qu'un très gros cœur. Par contre, il avait un tout petit
appétit.
Non pas qu'il ne soit point gourmet, il appréciait beaucoup la belle nourriture, mais il aimait surtout la mine ravie des personnes qui mangent un bon repas. Et là où il travaillait, il en voyait passer des plats et des sourires. Car M Solovir était serveur dans un restaurant étoilé qui se nommait La cuisine l'ogre. Il ramassait tous les soirs les assiettes vidées de clients repus et satisfaits, et cela le comblait.
Mais depuis quelques semaines, quelque chose changea en M Solovir. Son ventre fin comme du papier commença à se rembourrer. Paradoxe c'en était un, car arrivé chez lui, il refusait d'avaler la moindre miette de pain. Mme Solovir s'inquiéta, son gros gentil avait entamé une grève de la faim qui le faisait grossir ! Un inconvénient à double tranchant.
Non pas qu'il ne soit point gourmet, il appréciait beaucoup la belle nourriture, mais il aimait surtout la mine ravie des personnes qui mangent un bon repas. Et là où il travaillait, il en voyait passer des plats et des sourires. Car M Solovir était serveur dans un restaurant étoilé qui se nommait La cuisine l'ogre. Il ramassait tous les soirs les assiettes vidées de clients repus et satisfaits, et cela le comblait.
Mais depuis quelques semaines, quelque chose changea en M Solovir. Son ventre fin comme du papier commença à se rembourrer. Paradoxe c'en était un, car arrivé chez lui, il refusait d'avaler la moindre miette de pain. Mme Solovir s'inquiéta, son gros gentil avait entamé une grève de la faim qui le faisait grossir ! Un inconvénient à double tranchant.
C'est vrai que M. Solovir avait perdu son gros sourire. Il affichait
désormais un visage aussi chaleureux qu'une pierre tombale. Et à
chaque fois que sa dame lui demandait des éclaircissements sur sa
mine sombre, il éludait la question. Elle décida alors de le suivre
discrètement, jusqu'à La cuisine de l'ogre persuadée qu'il
participait à de secrètes orgies culinaires. Grimée en vieille
dame, elle observa son mari. Face aux clients, il était toujours
aussi charmant. Mais la façade s'ébranla, lorsqu'il alla
débarrasser les couverts d'une famille de notables qui venait de
débarrasser le plancher. Son regard triste tomba sur une bonne part
de framboisier meringué que leur fille avait tout juste entamé. Il
jeta un œil par-dessus son épaule et avala d'une bouchée le gâteau
abandonné. Il réprima un haut-le-cœur et reprit son service. Mme
Solovir comprit alors, son mari respectait tellement la nourriture
qu'il ne supportait pas de voir des restes condamnés à la poubelle.
Voilà qui expliquait sa diète et sa mine de démineur. Elle alerta
tout le comté, suppliant les clients de bien vouloir finir leur
assiette. Les gens d'argent lui rire au nez, puisqu'ils payaient, ils
avaient le droit ne pas finir, et puis ils n'allaient pas se forcer
parce que son mari avait des sentiments pour des radis à la crème
fouettée.
Ce discours ne fut plus jamais répété après un jeudi soir de juin. En ce jour, un piteux procureur ne daigna pas finir son assiette de riz aux deux couleurs trois épices et quatre crustacés. Au courant de la rumeur sur M Solovir, le mesquin procureur, lui demanda de bien vouloir finir son assiette à sa place.
À force d'exercice gastrique, sa mâchoire s'était élargi au point
de pouvoir laisser passer tout un homme. Lassé de l'indélicatesse
des gens M Solovir tonna de sa grosse voix que quiconque gâcherait
une assiette de belle nourriture irait rejoindre le procureur dans
son ventre.
Depuis ce jour le restaurant se nomme Le ventre de l'ogre et plus personne dans la région n'ose jeter un gramme de nourriture.
Depuis ce jour le restaurant se nomme Le ventre de l'ogre et plus personne dans la région n'ose jeter un gramme de nourriture.
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